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RIPABOTTONI-MONTRÉAL

 

La commune de Ripabottoni  est très touchée par l’émigration (emigrati) , une quantité importante de gens quitteront leur patelin pour se rendre principalement en Amérique, et en particulier à Montréal. La ville qui date du moyen age nous semble aujourd’hui magnifique de par son architecture et son histoire, sans compter le climat chaud de ses régions montagneuse. Très riche en histoire mais à l’époque très pauvre économiquement, la ville voit ses citoyen partir à chaque année de plus en plus nombreux à partir de 1900.

 

Le village voit beaucoup de ses membres vivre péniblement d’agriculture qui décide de tenter leur chance ailleurs, de plus, les italiens sont très sollicités pour travailler sur les différents chantiers nord-américains. Il y a déjà certaines familles qui sont installées à Montréal à partir de 1885 et qui feront successivement venir des membres de leur village respectif.

 

La première vague d’immigration verra d’abord un nombre important de jeunes hommes venir travailler. Généralement , ces hommes vivent chez des membres de leurs familles respective. Mais très vite , le nombre augmentant rapidement , on verra beaucoup de familles recevoir des logeurs italiens (bordanti) qui leur sont étrangers , on sait que certaines familles pouvaient recevoir jusqu’à dix  logeurs.

Il était courant que ces hommes soient mariés, et qu’ils fassent venir leur famille quelques temps après, parfois jusqu’à trois ans. Dans certains cas les travailleurs revenaient en Italie pour un temps de répit avant de repartir pour l’Amérique. D’autres, plus nostalgiques de leur pays retourneront en Italie pour y rester.

Lorsqu’ils partent, tout est déjà prêt pour le long voyage; les billets, les papiers officiels , le logement et même le travail  là-bas. L’heure du départ ,on l’imagine est sûrement pénible pour tout le monde et le voyage n’est pas de tout repos. Les gens doivent d’abord se rendre à Naple en traversant les montagnes , ils attendent ensuite l’arrivée du bateau qui généralement arrive de Gênes. Puis l’embarquement, avec ce que cela implique pour plusieurs, c’est-à-dire, le non-retour.

 

C’est dans ces conditions que les premiers membres de la communauté italienne de Montréal ont fait le voyage. Il y a parmi cette première communauté, des Sauro évidemment mais aussi des Cristofaro, des Caporicci, des Paduano, etc qui viendront former la petite Italie de Montréal.

 

La présence d’individus portant le nom Sauro au Canada précède l’arrivée de notre famille à Montréal. En effet on retrouve dans le recensement de 1881 à Glengary en Ontario, une famille entière de Sauro. Il y est indiqué que Levy Sauro est canadien francais, qu’il est né au Québec en 1821 et qu’il est catholique. Les autres membres de la famille sont Joseph, Alexander, Agnès et Charles. Ces individus  ne semble pas provenir d’Italie. Ces informations restent à confirmer. Une autre famille de Sauro est inscrite dans le recensement de 1891, on peut y lire qu'ils sont d'origine allemandes. illustration 3.

   Notre famille directe arrive en 1903, en effet Leonardo 20 ans (notre arrière-grand-père) embarque à Naple sur le « S.S. Napolitan Prince»(Photo 5) autour du « 26 janvier 1903 », la date exacte est difficile à lire sur la liste des passager. Leonardo est accompagné de ses frère Matteo 17 ans et PaoloAntonio 14 ans  inscrit sur la liste des passager sous le nom de Po.Antonio Sauro (image 4), ils arrivent à New York le 22 février 1903 et après les vérifications d’usages à Ellis Island ils prennent le ferry qui les mènent à la gare centrale de New York (photo 6), de là  ils prendront le train pour Montréal.

   Les registre du Napolitan Prince nous indiquent que les billets avaient été payé par leur oncle Guiseppe Sauro, ces mêmes registres nous mentionnent que les trois hommes sont attendus chez cet oncle au 389 St-Timothée à Montréal. Il est fort probable que leur frère Giuseppe Sauro soit déjà à Montréal au moment ou les trois hommes arrivent. Montréal est à l’époque la métropole du Canada , mais c’est surtout une ville en ébullition qui bouge a la faveur d’une croissance exponentielle commencée vers 1850 avec l’industrialisation et le chemin de fer.

 

   Lorsque Leonardo arrive, il y a donc déjà des Sauro à Montréal. En effet l’oncle Guiseppe Sauro est installé à Montréal depuis un certain temps , on le retrouve dans le recensement de 1901 au 389 St-Timothée habitant avec sa femme Marie, son fils Leonardo , sa belle-fille Antoinetta et son petit-fils Jos . Il y est également indiqué qu’il est commerçant et qu’il a immigré au Canada en 1875 , on peut douter de cette date puisque dans le recensement de 1911 ,le même Guiseppe Sauro indique qu’il a immigré en 1890 avec sa femme, d’ailleurs les archives de Ripabottoni nous indiquent que Giuseppe Sauro fut présent dans le village lors de la naissance de ses enfants Antonio(1885) et Mariantonia(1886). On retrouve cependant Giuseppe au 23 St-André en 1897 (annuaire Lovell). Il habitait en 1911 au 505 St-Timothée.

 

Un autre oncle de Leonardo, Paolo Sauro, est inscrit au recensement de 1901, il y vit avec sa femme et sa fille ,ainsi que quatre logeurs , Vito Cocco Sauro 30 ans, Caporica Sauro 18 ans, Franscesco Sauro 52 ans et Gaetano Sauro 50 ans . La filiation familiale des quatres logeurs n’est pas connu, mais on peut supposer qu’il ont des liens avec la famille . On indique dans ce recensement que Paolo est arrivé au Canada en 1877, mais le recensement de 1911 indique l’arrivée en 1880. De plus on retrouve Paolo Sauro et sa femme Maria Cristofaro dans les liste de passagers arrivés à New York en 1899, cependant Paolo Sauro est venu travailler à Montréal ultérieurement, puisqu’il est inscrit dans l’annuaire Lovell en 1894 au 377 Jacques-Cartier (la rue deviendra St-Timothée en 1897) Ce même Paul est inscrit dans l’annuaire Lovell de la ville de Montrèal comme marchand d’huile au 397 St-Timothée en 1903. Dans les faits, il est certain que Paolo Sauro vit a Montréal depuis longtemps son passage par New York en 1899 est probablement un retour de voyage effectué en Italie puisqu'il en a les moyens comme l'indique un passage dans le journal La Presse le 3 fevrier 1894. Cet articles nous en apprend aussi sur son implication dans la ''colonie italienne''. A voir 

 

Angelo Sauro est également déjà présent à Montréal avec sa famille, les registres des passagers de Ellis Island indique que sa femme Rosa Ramaglia et ses fils sont allés le rejoindre sur la rue Ste-Elisabeth en 1902.

  

Un autre Sauro, Martin, toujours sur St-Timothée est inscrit au recensement de 1901 avec trois logeurs, Felice Sauro 42 ans, Antonio Sauro 33 ans et Leonardo Sauro,(un autre) 23 ans.

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leonardo Sauro (notre arrière grand-père) fait venir sa famille au Canada en 1905, c’est ainsi que Donat Antonio, le père de Leonardo, Antonia Sauro sa sœur, Maria Pulcheria Salvatorelli sa femme et son fils Donat Antonio Sauro 2 ans( notre grand-père) embarquent à Naple  sur le « S.S. Citta di Napoli » (image 9) le 9 novembre 1905, après une escale à Palerme en Sicile, ils feront route pour l’Amérique et arrivent à New York le 25 novembre 1905. Les registres du Citta di Napoli (image 8) nous indiquent qu’ils sont attendus par Leonardo Sauro au 505 St-Timothée (image 10) à Montréal. Ce moment est attendu par d’autres membres de la famille, car sur le navire qui amène la famille de Leonardo, on retrouve Maria Pasquale Parente, l’épouse de Giuseppe (le frère de Leonardo), et sa fille  Michelina (Adeline), il y a aussi Maria Pompa leur cousine qui vient rejoindre son futur époux Paolo, le frère de Leonardo, et également Incoronata Sauro, une autre sœur de Leonardo, qui vient rejoindre son mari Leonardo Parente  en compagnie de sa fille Domenica Parente 3 ans. On est en droit de croire que la petite famille de Leonardo sera accuelli par toute une communauté installée sur la rue St-Timothée. Non seulement par des Sauro, mais aussi par d’autres compatriotes provenant de la même région , sinon du même village qu’eux, c’est-à-dire Rippabottoni. D’autant plus que sur le bateau qui les transportent en Amérique, on retrouve plusieurs compatriotes de Ripabottoni qui se dirige à Montréal.

 

On retrouve donc avec les Sauro sur la même rue, des Cristofaro , des Caporicci, des Venditti, des Ramaglia, des Fiorito, des Todaro et autres noms italiens qui forment la première  communauté italienne de l’histoire de Montrèal. Une bonne partie de cette communauté est non seulement d’Italie mais plus, originaire de Ripabottoni. Une partie de ce petit village se transporte donc à Montréal sur St-Timothée avec ses traditions et coutumes.  Cette  « petite Italie » formée de paese (paysans) italiens provenant en majorité de la région du Molise qui motive  d’ailleurs le diocèse de Montréal à fonder une nouvelle paroisse, spécifiquement pour la population italienne montante, la paroisse Notre-Dame du Mont-Carmel (11) voit le jour en 1905 sur la rue Dorchester entre St-Timothée et St-André. C’est là que sera baptisé le deuxième enfant du couple Sauro-Salvatorelli en septembre 1906, une fille prénommée Maria Felicia ( Marie). Le troisième enfant du couple Maria Grazialla est également baptisée à Notre du Mont-Carmel le 15 octobre 1907, on apprend grâce au baptistère que la famille habite alors au 521 St-Thimothée.

 

La communauté italienne de Montréal grandit très vite et se déplace progressivement au nord du parc Lafontaine, c’est ainsi que les frères Leonardo Sauro,  Matteo Sauro, Giuseppe Sauro, Paolo Sauro  et plusieurs autres membres de la famille Sauro changent de quartier. Leonardo se retrouve au 607 Bréboeuf  (annuaire Lovell), Matteo au 587 Chambord (recensement 1911), Giuseppe Sauro se retrouve au 562 Chambord (Annuaire Lovell). Leonardo et Matteo  iront éventuellement vivre sur DeLanaudière.

   Le diocèse de Montréal fonde une deuxième paroisse pour la communauté italienne vers 1911 , Notre-Dame-de-la-défense. Une grande partie des célébrations religieuses qui concernent les Sauro ( mariages, baptêmes,funérailles) y seront fait, C’est d’ailleurs là que se dérouleront les funérailles de Leonardo Sauro en 1951. C’est ainsi que va se poursuivre le parcours de cette famille  dont je dresse le portrait global sous forme d’organigramme(Portrait de la famille Sauro). Une partie quittera éventuellement le centre-ville ; ce sera le cas de notre famille qui s’installera dans l’est de Montréal ,sur la rue Hector dans un premier temps et ensuite sur Contrecoeur dans la paroisse St-Victor, dans l’est de Montréal.

 

Au début du siècle, la vie à Montréal  pour la famille Sauro s’inscrit au sein de la communauté italienne naissante avec ses espoir d’un avenir meilleur et son lot d’efforts pour y arriver. Les gens travaillent beaucoup, et les vacances n’existent pas, sauf le dimanche, pour cette communauté très religieuse à l’époque. Les recensement nous apportent des chiffres à cet effet, indiquant chez la plupart des travailleurs qu’ils travaillent 60heures/sem et 52 semaines par année, ce qui ne diffère pas des autres travailleurs canadiens francais provenant de milieu modeste.

 

  On travaille beaucoup et l’on vit souvent à plus de dix dans de petit logement pour économiser et ainsi faire venir éventuellement le reste de sa famille souvent rester en Italie. Leonardo Sauro travaillera toute sa vie comme journalier à la C.P.R. (Canadian Pacific Railways). Il y travaille encore à 67 ans lorsqu’une chute d’un train sur lequel il travaillait oblige les médecins à lui amputé la jambe, il décèdera quelques mois plus tard suite à des complications en 1951.

 

 Le quotidien des italiens de l’époque ne se résume pas qu’au travail, une vie sociale s’installe au sein de la communauté, les hommes se réunissent souvent dans les nouvelles épiceries italiennes(grosseria) pour discuter, parfois on y organise des parties de cartes. On  trouve des témoignages qui furent enregistrés dans les années 70 à ce sujet.

 

Quand je suis arrivé ici, dans ce quartier, il n’y avait pas d’endroit pour se divertir; alors nous passions notre temps dans ces « groceries »; nous nous réunissions avec les amis et souvent nous jouions aux cartes. Le propriétaire d’une de ces « grosseries » était du même paese que moi et tous ceux qui se réunissaient là étaient des paesani ; c’était comme être dans une famille. - Témoignage de Constanzo D’Amico.

 

   Une panoplie de petits commerces opéré par des italiens s’établissent progressivement dans le quartier et contribuent à desservir la communauté pour presque tout les produits nécessaires , on y retrouve également beaucoup de produits importés d’Italie comme du vin et des épices. Les épiceries italiennes ne sont pas seulement utile à trouver des produits italiens, se sont aussi les seuls à faire du crédit aux italiens , ce qui dans certain cas était essentiel pour  bien des gens. Parfois des gens achetaient à crédit pendant une partie de l’hiver puisqu’il ne travaillaient pas et venaient payer au printemps lorsque les chantiers ouvraient et qu’ils recevaient leur salaires.

 

Chez les Sauro, on fait aussi des affaires. Il  y a Matteo qui fonde la boulangerie Royale au début des années 20 sur la rue Delanaudière dans une maison qu’il achète en 1919. Plusieurs membre de la famille Sauro y travailleront, d’ailleurs tous les membres de la famille habitent le quartier sinon la même rue. L’endroit sera très fréquenté par la communauté italienne de la première moitié du siècle, on vient même du quartier de la rue St-Thimothée pour venir chercher la pizza de Matteo Sauro. Le frère de Matteo, Giuseppe (Joseph) est également commercant il opère une fruiterie sur le boulevard St-Laurent, avec son fils. L’année d’ouverture du commerce est inconnu, cependant le 9 octobre 1939 Joseph sera lâchement assassiné lors d’un vol  à main armé dans son commerce. L’évènement sera relaté par les journaux de l’époque.

 

Beaucoup de gens dans les années 20 réussiront à acheter une maison ou encore un terrain pour y construire leur demeure ,on trouvait des terrains dans le coin Jean-Talon et Papineau pour environ 75 $ . On y retrouvera beaucoup d’italiens dans le quartier comme Leonardo qui viendront s’installer et y vivre toute leur vie. La maison est un symbole de réussite pour les italiens, mais pour vivre, ils doivent tout de même continuer à travailler très fort. Dans bien des cas les italiens élèvent des animaux dans la cour arrière, la plupart du temps des poules,  des lapins et parfois des chêvres qui leur permettaient d’avoir du lait frais pour le ricotta.

 

 Les italiens du quartier avaient également pris l’habitude de cultiver des jardins, ce que les canadiens francais ne faisaient pas. Ils utilisaient des terrains vacants au nord-est de Papineau et Jean-Talon et chacun cultivaient son petit coin pour y faire pousser des légumes qui dans certains cas étaient importés d’Italie et surprenaient les gens d’ici qui n’en avaient jamais vu

 

 L’un des traits les plus caractéristique de la communauté italienne réside dans son aspect religieux. Très pratiquante et croyante, cette communauté se retrouve au gré des cérémonies religieuses fréquentes et souvent exubérantes. Sans compter les mariages et baptêmes, les défilés et processions religieuses surprennent par leurs rituel et leur décorum. On en parle d’ailleurs dans les journaux de l’époque. Il faut dire que l’église joue un rôle social important permettant aux italiens de se reconnaître en poursuivant leur traditions.

   La famille Sauro n’est pas seule, elle compte parmi les noms italiens les plus fréquents  à Montréal. Ils sont les plus représentés du village de Ripabottoni, puisque plusieurs Sauro suivront le même parcours. Au cours de la première moitié du 20iem siècle, au moins 7 lignées de Sauro de Ripabottoni viendront s’installer à Montréal.(voir tableau).

   D’autres arriveront plus tard; au moins  quatres autres familles de Sauro de Ripabottoni arriveront dans la deuxième moitié du siècle.

 

 

1-Ripabottoni en fète à la place  municipale lors de la liberation de Arturo Giovanetti, emprisonné aux Etats-Unis pour activités communistes. Début du siècle

Source : Ripamici

 

 

2-Illustration montrant des émigants italiens dans une gare en Italie

 

 

 

6-Central Station , New York vers 1905

 

 

 

7-Une émigrante italienne avec ses enfants vient rejoindre son mari à Montréal au début du siècle. (Collection documentary aids).

 

 

4-Liste des passagers du Napolitan Prince

5-Le Napolitan Prince dans le port de Gêne

9-Illustration publicitaire du Citta DiNapoli provenant des archives de la Veloce Lines en Italie

11-Eglise Notre-Dame du Mont-Carmel

10-Le 505 St-Thimothée à Montréal

12-Église Notre-Dame de la Défense construite en 1911

13-Deuxieme église Notre-Dame de la Défense construite en 1919

14-Epicerie Italienne

(rue Dante)

(BNQ,Fond Felix Barriere)

 

 

 

 

15-Giuseppe Sauro avec sa femme Aurora et ses enfants devant la charrette de livraison de la Boulangerie Royale dans les années 20. (Photo : Monique Renaud)

 

16-Le commerce de Joseph Sauro au 5149 boulevard St-Laurent lors des évènements du  9 octobre 1939 relatant son assassinat.

(photo : le journal La Patrie 10 octobre 1939).

 

 

8-Extrait de la liste des passagers di Citta DiNapoli. On y percoit les noms de Donato Sauro et de Maria Pulcheria Salvatorelli ainsi que leurs provenance et la destination.

3-Recensement 1891, Welland, Willoughby. Sauro Allemands 

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